S’éloigner ne veut pas toujours dire oublier, mais parfois se protéger

Il est des jours qui portent en eux une mémoire silencieuse, un poids que les mots peinent à contenir. Aujourd’hui en est un. Pas un jour de fête, pas un jour d’éclats, mais un jour où l’on mesure, d’un regard en arrière, tout ce qui s’est effondré en silence, tout ce qui a tenu par habitude, tout ce qui a changé sans prévenir.

J’ai marché longtemps, le dos chargé de ces choses que l’on tait, de ces douleurs que l’on n’explique pas, de ces absences que personne ne questionne. J’ai avancé comme on le fait quand on n’a pas le choix, comme un funambule sur un fil trop fin, prêt à rompre sous un poids qu’il est le seul à porter. Il y a eu des nuits où le sommeil n’était qu’une attente, des jours où chaque sourire sonnait faux, des instants où même l’air semblait pesant.

Et dans cette traversée solitaire, j’ai vu s’effacer des visages, s’effriter des liens, s’éloigner ceux qui n’ont pas su comprendre, ceux qui ont jugé sans savoir, ceux qui ont confondu l’absence avec l’oubli. Pourtant, s’ils savaient… S’ils savaient ce que coûte chaque silence, s’ils savaient à quel point on aimerait dire, expliquer, crier même, mais que parfois, les mots sont trop lourds pour être portés.

Il y a une vérité brutale que l’on finit toujours par apprendre : si l’on s’éloigne, c’est rarement par indifférence. Et si l’autre s’éloigne aussi, c’est peut-être parce qu’il porte en lui les mêmes blessures, les mêmes incompréhensions, les mêmes silences en miroir. Ce que l’on reproche à l’autre, souvent, c’est ce qu’il nous reproche en retour. Un jeu cruel où personne ne gagne, où chacun se retrouve seul avec ses doutes et ses regrets.

Aujourd’hui, je pense à ceux qui restent malgré tout, ceux qui ne demandent pas d’explications mais qui comprennent, ceux qui perçoivent dans un regard, dans un soupir, dans une simple présence, tout ce qui ne peut être dit. À ceux-là, je veux dire merci. Merci d’exister sans exiger, merci de comprendre sans interroger, merci d’être là, simplement.

Et aux autres… Peut-être que nos routes se recroiseront. Peut-être pas. Peut-être avons-nous déjà tout dit, sans même parler.

Et si c’est le cas, alors que reste-t-il, sinon l’écho de ce que nous avons été, de ce que nous aurions pu être ?

Coach Oumar Sy