Par Coach Oumar Sy
L’événement Silence Assourdissant organisé par Femme Vecteur RED a transcendé la restitution artistique pour s’imposer comme un manifeste existentiel. Ce moment, à la croisée de l’art et de l’engagement, a révélé la charge polysémique du silence, non comme absence, mais comme saturation, non comme fin, mais comme potentiel.
Le silence n’est pas vide. Il est un territoire saturé de tensions, un espace d’attente qui contient en lui-même le poids de l’indicible et la promesse d’une transformation. Dans le documentaire projeté, les visages, les gestes et les histoires des femmes capturent une réalité qui échappe à la parole. Leur silence n’est pas un renoncement. Il est un champ de forces, une résistance aux structures qui les contraignent, un cri comprimé dans l’invisible.

Chaque moment de l’événement a été construit avec une rigueur presque architecturale. L’espace fermé de la salle a servi d’enceinte au début, un cadre qui évoque les limites imposées, la structure sociale qui enferme. Mais ce cadre n’a pas duré. La transition vers la plage n’a pas simplement déplacé les corps. Elle a ouvert un champ symbolique où les frontières disparaissent, où le temps s’étire et où l’individu se dissout dans une relation cosmique avec le monde. Cette rupture spatiale est une métaphore de la libération, de l’évasion du silence imposé vers une infinité de possibles.
Les performances artistiques qui ont marqué la fin de la soirée étaient un exercice de désarticulation des certitudes. Par l’art, les récits individuels sont devenus collectifs, universels, presque métaphysiques. Ces femmes, par leurs gestes et leurs voix, ont rappelé que le combat pour leurs droits n’est pas simplement une bataille pour l’égalité, mais une reconfiguration de l’être humain lui-même.
L’analyse de ce silence dépasse le simple contexte des luttes féministes. Il devient une réflexion sur la condition humaine. Ce silence est le substrat de tout langage. Il contient à la fois la négation et la promesse, la mort et la renaissance. Il interroge la violence des systèmes qui marginalisent, tout autant qu’il révèle leur fragilité fondamentale.
Loin de se limiter à une dénonciation, Silence Assourdissant a ouvert une faille dans laquelle chacun a pu contempler ses propres silences. Le silence de l’indifférence, celui de la peur, mais aussi celui de la contemplation, de l’introspection. Cet événement a été une catharsis, une épreuve collective dans laquelle l’art est devenu le médium d’une réconciliation entre l’être et le monde.
Dans ce contexte, les femmes ne sont pas seulement les actrices d’un changement social. Elles sont les gardiennes d’un savoir profond, d’une capacité à transformer l’oppression en création. Ce savoir ne se transmet pas par la parole, mais par la présence, par le geste, par l’écoute.

Silence Assourdissant a montré que l’écoute véritable n’est pas une simple réceptivité. Elle est une création en soi, une manière de redonner à l’autre la place qui lui a été refusée. Cette écoute est un acte révolutionnaire, un refus du bruit incessant des dominations pour entrer dans une relation authentique avec l’autre.
Ce silence qui résonne encore est une invitation à ne pas détourner le regard. Il nous renvoie à notre humanité fragmentée, à cette nécessité d’accepter que la diversité n’est pas une menace, mais une richesse.
Le silence est une force, il n’est pas l’opposé de la parole, mais son fondement, son point de départ. Là où le bruit des dominations divise, le silence unit. Là où les structures imposent l’effacement, le silence prépare l’émergence d’un nouveau paradigme. Il est temps d’écouter ce qui, dans le silence, contient déjà les germes d’une humanité réconciliée.
Coach Oumar Sy
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