La Mauritanie, à l’instar de nombreuses nations en développement, est confrontée à une problématique de grande envergure : un retard éducatif structurel qui menace gravement ses ambitions de progrès économique et social. Ce retard n’est pas seulement un obstacle temporaire ; il constitue une entrave profonde et systémique, remettant en cause les fondements mêmes du développement durable que le pays espère atteindre.
Alors qu’elle aspire à rejoindre le cercle des économies émergentes, elle se trouve empêtrée dans une contradiction fondamentale. Comment envisager une croissance économique soutenue, quand une part significative de la jeunesse n’a pas accès à une éducation de qualité ? Cette question n’est pas simplement rhétorique ; elle révèle un paradoxe tragique au cœur des ambitions nationales.
Prenons le cas d’une école à Kiffa, où les infrastructures se dégradent à vue d’œil. Les salles de classe, surchargées, sont des espaces où l’apprentissage devient un défi quotidien pour les élèves comme pour les enseignants. Le manque de ressources pédagogiques adéquates, combiné à une absence de formation continue pour les enseignants, exacerbe une situation déjà précaire. Cette réalité, loin d’être un cas isolé, est symptomatique d’un mal qui ronge l’ensemble du système éducatif mauritanien.
Le retard éducatif n’est pas un simple écart à combler ; il est le socle d’une menace économique à long terme. Un système éducatif défaillant engendre une main-d’œuvre insuffisamment qualifiée, inapte à répondre aux exigences d’une économie mondialisée. Le chômage, particulièrement élevé chez les jeunes diplômés, en est l’une des conséquences les plus visibles, transformant l’espoir en désillusion, et alimentant un sentiment d’injustice qui peut s’avérer déstabilisant pour la cohésion sociale.
Les alertes ne manquent pas. Selon un rapport de l’UNESCO, plus de 40% des jeunes mauritaniens en âge d’être scolarisés n’ont pas accès à une éducation qui répond aux standards de qualité. Une telle situation, si elle persiste, risque d’anéantir les efforts de développement entrepris ces dernières années et d’entraîner la Mauritanie dans un cercle vicieux de sous-développement et d’exclusion.
Ce retard éducatif aggrave également les inégalités sociales, créant un fossé toujours plus large entre les régions urbaines et rurales. Dans les zones rurales, comme dans certaines régions du Hodh El Chargui, les écoles manquent cruellement de tout : manuels, enseignants qualifiés, infrastructures de base. Les enfants de ces régions, déjà marginalisés, se trouvent ainsi piégés dans un système qui perpétue leur exclusion et compromet leur avenir.
À l’inverse, les familles aisées des grandes villes, soucieuses de l’avenir de leurs enfants, se tournent de plus en plus vers des écoles privées, renforçant ainsi un système éducatif à deux vitesses. Cette dualité est non seulement injuste, mais elle est également dangereuse pour la stabilité du pays, car elle risque de créer une fracture sociale difficilement réparable.
Face à cette situation critique, il est urgent de repenser en profondeur les priorités nationales en matière d’éducation. Il ne s’agit plus simplement de construire des écoles, mais d’investir massivement dans la qualité de l’enseignement. Les enseignants doivent être au cœur de cette réforme, avec une formation continue qui leur permettrait de répondre aux défis actuels. De plus, les programmes scolaires doivent être revisités pour être en adéquation avec les besoins du marché du travail et les aspirations des jeunes Mauritaniens.
Une attention particulière doit être accordée aux groupes vulnérables, notamment les enfants des zones rurales et les élèves à besoins éducatifs spéciaux. Il est également essentiel de promouvoir des partenariats public-privé, ainsi que des collaborations internationales, pour mobiliser les ressources nécessaires à une véritable transformation du système éducatif.
Coach Oumar SY
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