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Oumar Sy / Mauritanie : Près de 75 % des employés sont contraints de travailler sans contrat formel.

La réalité du marché du travail en Mauritanie est à la fois alarmante et tragique : près de 75 % des employés sont contraints de travailler sans contrat formel. Ce chiffre, en apparence anodin, cache une crise profonde et insidieuse qui ronge notre société. L’absence de contractualisation, loin d’être une simple formalité administrative, est une atteinte délibérée aux droits fondamentaux des travailleurs. Cette situation, tolérée par de nombreuses entreprises, équivaut à une exploitation systématique qui plonge des milliers de Mauritaniens dans une précarité destructrice.

Le manque de contrat de travail n’est pas seulement une faille juridique ; c’est un déni de la dignité humaine. En refusant de formaliser les relations de travail, certaines entreprises se comportent comme de simples échoppes de quartier, indifférentes aux principes de gestion moderne et aux droits des employés. Cette pratique déshumanise le travailleur, le réduisant à un simple rouage interchangeable, facilement exploitable et aisément remplaçable.

Prenons l’exemple de Mouhamed, un employé dont le témoignage m’a profondément marqué. Après avoir travaillé pendant cinq ans pour une PME à Nouakchott, sans jamais recevoir de contrat, il a un jour osé réclamer ce qui lui revenait de droit. La réponse ne s’est pas fait attendre : il a été licencié du jour au lendemain, sans préavis, ni indemnité. Ce licenciement brutal, motivé par la simple volonté de maintenir l’opacité et l’arbitraire, a plongé Mouhamed et sa famille dans une situation de détresse totale. Ce n’est pas un cas isolé ; c’est une réalité quotidienne pour des milliers de travailleurs mauritaniens qui, chaque jour, vivent dans la peur d’être jetés à la rue pour avoir osé revendiquer leurs droits les plus élémentaires.

Cette précarité contractuelle n’est pas seulement un problème social ; c’est un désastre économique en devenir. Les entreprises qui refusent de formaliser leurs relations de travail se privent d’outils essentiels de gestion des ressources humaines, tels que l’évaluation des performances, la gestion des compétences et la formation continue. Cette myopie managériale, typique de nombreuses entreprises locales, est un obstacle majeur à l’innovation, à la croissance et à la compétitivité.

Un autre témoignage illustre bien ce point : celui d’Aïssata, une employée dans une société de services, qui, faute de contrat et de perspective de développement professionnel, a quitté son emploi pour rejoindre une entreprise étrangère où elle a pu enfin trouver la reconnaissance et la sécurité qu’elle méritait. La fuite des talents est une conséquence directe de cette gestion archaïque des ressources humaines, qui ne voit dans l’employé qu’une ressource à exploiter au moindre coût, sans jamais envisager son potentiel de développement ou sa contribution à long terme à la réussite de l’entreprise.

L’absence de contrat de travail crée un climat d’injustice et de résignation, où les employés sont réduits au silence par la peur de perdre leur emploi. Ce climat délétère favorise l’acceptation tacite de conditions de travail inhumaines et l’érosion progressive des droits des travailleurs. La précarité devient la norme, et l’exploitation se normalise, laissant les employés dans une situation de vulnérabilité extrême.

L’histoire de Fatimata, une jeune mère travaillant dans une usine de confection, en est un exemple frappant. Chaque jour, elle se lève à l’aube pour un salaire misérable, sans aucune sécurité sociale, ni congés payés. Son employeur, qui refuse catégoriquement de signer un contrat, sait qu’elle n’a pas d’autre choix que d’accepter ces conditions. Fatimata vit dans la peur constante de perdre son emploi, sachant que, sans contrat, elle n’a aucun recours en cas de licenciement abusif. Son histoire est celle de milliers de travailleurs mauritaniens, pris au piège d’un système qui les prive de tout espoir de justice.

Face à cette situation intenable, il est urgent que l’État mauritanien prenne des mesures décisives pour protéger ses citoyens. La mise en place d’un cadre légal strict, accompagné de contrôles rigoureux et de sanctions sévères contre les employeurs délinquants, est indispensable. Les entreprises doivent être tenues responsables de leurs pratiques et incitées à respecter les droits des travailleurs.

Par ailleurs, la société civile, les syndicats et les ONG doivent se mobiliser pour dénoncer ces abus et soutenir les travailleurs dans leurs revendications. Des campagnes de sensibilisation sont nécessaires pour informer les employés de leurs droits et les encourager à les défendre. Il est également important de créer des incitations pour les entreprises qui respectent les lois du travail, tout en pénalisant lourdement celles qui s’en affranchissent.

Coach Oumar SY

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