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Mon Quotidien / épisode 1: Thialgou, ma fierté éternelle

Au lever du jour à Thialgou, les premiers rayons de soleil caressent les champs de riz qui s’étendent à perte de vue. Les champs scintillent sous la lumière douce du matin, laissant entrevoir des sillons soigneusement tracés par des mains expertes. Ici, chaque carré de terre raconte une histoire de labeur, de patience et d’espoir.

Les paysans, vêtus de leurs habits traditionnels, entament leur journée au rythme des chants, ces mêmes chants que leurs ancêtres entonnaient pour appeler une récolte abondante. Ce n’est pas seulement un travail agricole ; c’est un acte sacré, où la terre est vénérée comme une mère nourricière. Les chants qui s’élèvent mélangent douceur et ferveur, créant une symphonie naturelle où chaque voix, chaque note, honore la vie, le village, et ceux qui ont arpenté ces terres avant eux.

Les champs de Thialgou ne sont plus cultivés de la même manière qu’autrefois. L’époque où les bœufs et les ânes traînaient les lourdes charrues à travers les rizières a laissé place à une technologie plus moderne. Aujourd’hui, les engins remplacent les animaux de trait, et le bruit des moteurs a envahi les matins tranquilles. Si les machines allègent la charge des agriculteurs, une certaine nostalgie persiste. Les anciens se souviennent encore avec émotion de ces journées passées derrière les charrues, les pieds enfoncés dans la terre humide, guidant avec soin les animaux à travers les sillons. Il y avait dans ce geste une communion presque intime avec la nature, un respect profond pour la terre, que même la modernité ne peut effacer. Pourtant, les villageois se réjouissent aussi de l’efficacité accrue que leur offrent ces machines, permettant des récoltes plus abondantes, et donc un avenir plus serein pour leurs familles.

Au centre de Thialgou trône fièrement la grande mosquée, lieu de recueillement et de paix spirituelle. Elle s’élève majestueusement, ses minarets pointant vers le ciel infini. C’est ici que, depuis des générations, les habitants viennent chercher réconfort, prière et guidance. Autour de la mosquée, l’activité est incessante. Les hommes se rassemblent pour discuter après les prières, échangent des nouvelles du village, et débattent des événements qui rythment leur quotidien. La mosquée est bien plus qu’un lieu de culte ; elle est le cœur battant de Thialgou, là où les décisions importantes se prennent, où les querelles se règlent, et où la communauté se renforce dans l’unité. Chaque pierre de cet édifice porte les souvenirs des générations qui s’y sont agenouillées en quête de lumière divine.

Juste à côté de la mosquée se trouve le terrain de football, un espace pour la jeunesse du village. Bien que rudimentaire, ce terrain est l’endroit où les jeunes garçons et filles de Thialgou se retrouvent pour jouer, courir, et rêver de gloire. Le sol, souvent poussiéreux, est marqué par les traces de centaines de chaussures ou de pieds nus qui s’y affrontent quotidiennement. Le ballon de football, parfois rafistolé après des heures de jeu, devient le centre de toutes les attentions. Les rires fusent, les cris d’encouragements se mêlent à l’excitation du jeu, et l’énergie débordante des jeunes anime tout le village. Pour beaucoup d’entre eux, ce terrain représente bien plus qu’un simple jeu : c’est un lieu de formation, d’apprentissage de la discipline, de la camaraderie et de la détermination. Les anciens, assis à l’ombre, regardent avec tendresse ces enfants jouer, se rappelant leurs propres parties passionnées, autrefois.

Les chants des femmes résonnent dans les champs, unissant les cœurs et les âmes dans une harmonie douce et apaisante. Ces chants, transmis de génération en génération, racontent des histoires de fertilité, d’abondance et de gratitude. Ils sont chantés à pleine voix, accompagnant chaque geste des hommes qui s’affairent à récolter le riz mûr, les mains habiles et précises. Chaque mot porte un poids, une signification profonde, comme un écho du passé qui se fait entendre à travers les années. Ces chants ne sont pas de simples mélodies ; ils sont la mémoire vivante de Thialgou, une manière de rappeler que la terre et ses fruits sont un don précieux, qu’il faut cultiver avec respect et humilité. Les jeunes apprennent ces chants auprès de leurs mères et de leurs grand-mères, perpétuant ainsi une tradition qui traverse les âges.

La vie à Thialgou est marquée par un profond respect pour les aînés, les gardiens de la sagesse et de la mémoire du village. Nos grands-parents, qui étaient à la fois agriculteurs et éleveurs, ont toujours su trouver un équilibre entre la terre et le bétail. Les troupeaux de vaches, de moutons et de chèvres qu’ils entretenaient avec soin sont des symboles de prospérité et de stabilité. Chaque animal est considéré avec attention, comme un membre à part entière de la famille. Leurs savoir-faire se transmettent patiemment, des plus anciens aux plus jeunes, dans des gestes précis et des mots murmurés au fil des saisons. Les jeunes apprennent non seulement à élever le bétail, mais aussi à comprendre l’importance de la patience, de la persévérance et de l’humilité dans ce métier ancestral.

Les retours au village, lors des grandes fêtes religieuses, sont des moments de grande émotion à Thialgou. Ces retrouvailles entre générations sont toujours remplies de joie et d’effusion. Les enfants, qui vivent souvent loin, dans les grandes villes, reviennent les bras chargés de cadeaux et d’histoires à raconter. Les aînés, avec leurs yeux pétillants de fierté, les accueillent à bras ouverts, rappelant à tous l’importance de rester unis, malgré la distance. Les jeunes, souvent habillés de vêtements modernes, trouvent ici une pause dans la frénésie de la vie urbaine. Les retrouvailles se font autour de grands repas, où chaque famille apporte un plat, créant ainsi une véritable mosaïque de saveurs. C’est un moment où les différences d’âge et de mode de vie s’estompent, où tout le monde partage, discute, et rit ensemble, réaffirmant les liens indéfectibles qui les unissent.

Au fil des ans, le village de Thialgou a vu de nombreux changements, mais il a su garder son authenticité et son âme intacte. Les anciens parlent souvent des temps révolus, où chaque maison était faite de terre, et où la communauté était encore plus soudée par la nécessité de survivre aux rigueurs de la nature. Aujourd’hui, certaines maisons sont construites en briques, les routes sont un peu plus praticables, et la modernité a apporté de nouvelles commodités. Mais le cœur de Thialgou reste le même : un village où l’entraide, le partage et le respect des traditions sont au centre de tout. Les anciens continuent de transmettre leurs histoires aux jeunes, pour que jamais ils n’oublient d’où ils viennent, ni les sacrifices de ceux qui ont bâti ce village avec tant de courage et de détermination.

Les repas partagés sont une institution à Thialgou, un moment où toutes les familles se retrouvent autour d’un même plat, souvent un grand bol de couscous de mil, enrichi de légumes et de viandes. Ces repas sont des instants de communion où chaque bouchée raconte une histoire. La main qui plonge dans le bol pour en extraire une poignée de nourriture le fait avec un profond respect pour le travail accompli par tous ceux qui ont contribué à ce repas. Les enfants, assis près des parents, apprennent les gestes et les traditions, tandis que les rires et les discussions animées emplissent l’air. Ces moments de convivialité sont précieux, car ils rappellent à tous que, malgré les difficultés et les épreuves de la vie, la communauté est une force inébranlable, et que partager un repas est l’un des gestes les plus nobles.

Au crépuscule, alors que le soleil disparaît à l’horizon, Thialgou plonge dans une ambiance douce et tranquille. Le bruit des animaux qui retournent à leurs enclos, les rires des enfants qui jouent encore et les voix des adultes qui discutent devant les maisons créent une symphonie apaisante. Les anciens se rassemblent souvent pour discuter des événements du jour, tandis que les plus jeunes écoutent avec attention leurs récits. Ces moments de veillée sont des instants où les générations se rencontrent, où les histoires du passé sont transmises avec soin. Les petites lampes portables éclairent les visages des conteurs, créant des jeux d’ombre et de lumière qui ajoutent à la magie de ces moments suspendus.

Je me nomme Oumar Sy. Né à Rabat, au Maroc, j’ai grandi entre le tumulte de la ville et les traditions familiales. Mais ce n’est qu’en arrivant à l’adolescence que mon cœur a véritablement rencontré Thialgou, cette terre empreinte de mystère et de mémoire. Je me souviens encore de cette première arrivée, mes pieds foulant pour la première fois le sol de mes ancêtres. Thialgou, avec ses vastes plaines et son horizon infini, semblait m’attendre. Chaque brin d’herbe, chaque souffle du vent, chaque sourire échangé me plongeait dans un passé vibrant de sens, un passé auquel j’étais désormais lié. En un instant, cette terre inconnue est devenue un refuge, un berceau, une promesse.

Thialgou, ce n’est pas seulement un lieu. C’est une histoire, celle de générations entières, de familles liées par la terre et le sang, de valeurs transmises avec un amour infini. En pénétrant dans le village, j’ai découvert une famille nombreuse, où chaque visage portait les traces d’une affection sincère, où chaque regard semblait me rappeler d’où je venais. Je suis le descendant de Bocar Oumyata, une figure légendaire qui, par son courage et sa sagesse, avait marqué à jamais l’histoire de notre communauté. En découvrant mon lien avec cet homme, j’ai senti un poids, une responsabilité. Porter cet héritage n’était pas un fardeau, mais un honneur que je devais à tout prix préserver.


Au fil de mes séjours à Thialgou, J’ai appris la patience, la résilience, et surtout, l’importance de savoir d’où l’on vient. Ces leçons, transmises par mes grands-parents, mes oncles, mes cousins, sont aujourd’hui gravées dans mon âme. Thialgou m’a forgé. Chaque pierre de ce village, chaque arbre, chaque souffle de vent porte en lui une histoire, une leçon. Et c’est cette sagesse, cette force tranquille que j’emporte avec moi, peu importe où la vie me mène.

Ne vous pressez pas, chers lecteurs. Ce n’est que le début de notre voyage ensemble. Nous nous retrouverons mercredi prochain pour la suite de cette aventure, où je vous dévoilerai encore plus de souvenirs, d’anecdotes et de récits qui vous plongeront au cœur de cette vie fascinante à Thialgou. Soyez au rendez-vous, car nous avons encore tant à partager.

Coach Oumar Sy

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