Le marketing n’est pas né dans les bureaux feutrés des multinationales ou sous le néon froid des agences publicitaires. Il puise ses origines dans des places de marché où s’entrelacent des regards, des voix et des négociations, là où les mots avaient autant de poids que les marchandises qu’ils vantaient. Ces places, bruyantes et effervescentes, étaient les théâtres où s’expérimentaient les premières stratégies de persuasion. Des siècles plus tard, l’ombre de ces transactions primordiales plane encore sur nos pratiques modernes.
Origines : un art ancestral

Dans l’Égypte ancienne, les commerçants annonçaient leurs produits à haute voix, criant pour capter l’attention dans un tumulte incessant. Les premières marques naissaient sous forme de sceaux apposés sur des jarres d’huile ou de vin, témoins d’une promesse implicite : la qualité. En Mésopotamie, les scribes consignaient les échanges et assuraient une sorte de « storytelling » avant l’heure, glorifiant la provenance d’un bien, son rare savoir-faire ou sa valeur symbolique.
Ces échanges allaient bien au-delà de la simple transaction. Ils impliquaient une narration, un jeu subtil de séduction entre le vendeur et l’acheteur, une promesse que chaque achat enrichirait non seulement le quotidien, mais aussi le statut social.
Segmentation et positionnement :

La segmentation, si prisée aujourd’hui, trouve ses racines dans les distinctions sociales et culturelles des sociétés anciennes. Dans les souks du Maghreb ou les marchés d’Afrique subsaharienne, les vendeurs adaptaient déjà leur discours selon qu’ils s’adressaient à un notable ou à un paysan. Chaque étalage n’était pas seulement une vitrine, mais une déclaration subtile : « Ici, vous trouverez ce qui correspond à votre rang, à vos besoins, à votre désir de distinction. »
Le positionnement, quant à lui, se déployait dans les stratégies des marchands itinérants. À chaque halte, ils ajustaient leur offre et leur message, exploitant les spécificités locales. Ce n’était pas qu’une question de produits, mais de perceptions. Être perçu comme exclusif ou accessible, rare ou omniprésent, était déjà un enjeu.
Une pertinence moderne pour la Mauritanie

Ces leçons anciennes résonnent aujourd’hui dans une Mauritanie en quête d’équilibre entre tradition et modernité. Pourtant, le marketing mauritanien reste souvent figé dans une imitation maladroite de modèles étrangers, oubliant l’âme de ses propres marchés. Pourquoi chercher à imposer des campagnes numériques standardisées, quand l’éloquence des griots ou la vitalité des marchés locaux offrent une base narrative inégalée ?
La segmentation en Mauritanie pourrait s’inspirer des dynamiques ethniques et culturelles qui façonnent le pays. Les messages marketing, au lieu de s’adresser à une « masse », pourraient résonner avec les identités singulières des communautés pulaar, hassanophone, soninké, ou wolof. Le positionnement, lui, pourrait valoriser la richesse de l’artisanat local, tout en racontant des histoires authentiques qui relient chaque produit à un héritage.
Le marketing comme dialogue, pas comme monologue

Aujourd’hui, nous avons troqué les étals contre des écrans, mais le besoin d’un dialogue reste intact. En Mauritanie, où les marchés sont aussi des lieux de vie sociale, le marketing devrait se réinventer comme une conversation. Une campagne réussie n’est pas celle qui parle le plus fort, mais celle qui écoute le plus attentivement.
Si le marketing moderne a trop souvent sacrifié l’authenticité sur l’autel de l’efficacité, il est temps de revenir à ses racines. L’avenir, pour nos marques mauritaniennes, réside peut-être dans un retour aux origines, là où la promesse d’un produit était liée à un visage, à une voix, à une histoire.
Un chemin à tracer

Comprendre les fondements historiques du marketing, c’est accepter que chaque transaction porte en elle une part de l’humain. Ce n’est pas seulement une question d’offres et de demandes, mais de liens, de récits, de symboles. Et si la Mauritanie, riche de ses traditions orales et de ses identités multiples, devenait un exemple de ce que peut être un marketing enraciné, authentique et profondément humain ?
Alors, cessons de chercher à innover pour innover. Redécouvrons plutôt ce que nous savons déjà. Le véritable progrès commence peut-être là, dans cet équilibre entre mémoire et modernité.
Coach Oumar Sy
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