Par Coach Oumar Sy
Les entreprises que j’accompagne à Nouakchott ressemblent souvent à des labyrinthes. Elles s’élèvent, solides en apparence, mais à l’intérieur, on s’y perd. Des services isolés, des messages contradictoires, des promesses diffuses. Elles se heurtent à leur propre écho, incapables de tracer un chemin clair vers leurs clients. Chaque matin, dans ces bureaux où je suis invité, je retrouve les mêmes visages : dirigeants débordés, équipes figées, tous persuadés que leur produit est une évidence, qu’il se suffira à lui-même. Mais l’évidence, dans un marché saturé, est une chimère.
Je les écoute parler de leurs catalogues, de leurs offres et de leurs stratégies comme on parlerait d’un trésor bien caché. Trop bien caché. Le client, disent-ils, finira par nous trouver. Mais le client, ce n’est pas un archéologue. Il ne cherche pas un trésor, il veut une réponse. Simple, directe, visible. Pourtant, ici, la réponse se noie sous des couches d’organigrammes, de mots techniques et de silences mal assumés.
Quand je leur pose la question, “Comment vos clients vous trouvent-ils ?”, je vois des regards se baisser, des visages se fermer. Parce qu’au fond, ils savent. Ils savent que leur produit, aussi bon soit-il, reste souvent hors de portée. Il ne parle pas, il ne crie pas, il attend. Et dans cette attente, ils perdent la bataille avant même de l’avoir commencée.
Les entreprises mauritaniennes, petites ou grandes, sont à l’image de la ville : un mélange de promesses et de désordres. Les rues poussiéreuses reflètent une économie où chaque transaction est un combat, où chaque opportunité doit être arrachée. Pourtant, dans ce chaos, il y a une beauté : celle des solutions simples, des idées qui trouvent leur chemin sans artifice.

Mon rôle n’est pas de leur vendre un rêve, mais de leur montrer une vérité. Si vous voulez que votre produit ait une chance, il doit marcher vers le client, pas l’inverse. Il doit être une lumière dans la brume, pas une énigme dans un dédale. Mais ce message, aussi évident soit-il, se heurte souvent à des résistances. “Nous avons toujours fait comme ça”, disent-ils. Et c’est là, dans cette inertie, que réside leur plus grande faiblesse.
Le soir, en quittant ces bureaux, je traverse une ville qui, elle aussi, cherche sa voie. Les enseignes délavées, les étals improvisés, tout cela raconte une histoire de survie, mais aussi de créativité. Si ces petites boutiques de quartier savent capter un regard, pourquoi les grandes entreprises ne le peuvent-elles pas ?
Peut-être que la clé réside dans cette simplicité : parler un langage clair, occuper l’espace de manière visible, et surtout, comprendre que le client n’a pas le temps de chercher. Dans ce monde rapide et fragmenté, se rendre indispensable, c’est d’abord être accessible.
Et si, demain, vos produits parlaient pour vous, sans que vos clients aient à poser la question ? Ce jour-là, peut-être, vous aurez gagné plus que la bataille.
Coach Oumar Sy
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