Il existe des histoires, comme des ombres, qui planent sur nos vies. Elles ne se montrent jamais tout à fait, mais on les sent, elles nous frôlent, nous interpellent dans un langage sourd, parfois oppressant. L’histoire que je partage aujourd’hui est l’une d’elles. Elle pourrait être la mienne, la vôtre, celle de tous ces anonymes qui se battent contre les attentes des autres et les poids de leurs jugements. Ces histoires, ce ne sont pas seulement des faits, mais des émotions, des non-dits, des regards lourds de reproches que l’on porte sans vraiment comprendre pourquoi.
Il y a dans chaque relation humaine une sorte de comptabilité informelle. Une balance invisible où chacun pèse ce qu’il donne et ce qu’il reçoit. Mais cette balance, hélas, est souvent faussée. Pour beaucoup, ce que l’on a fait semble toujours énorme, et ce que l’autre a fait paraît insignifiant. Comme si le geste de l’un, bien qu’empreint d’intention, disparaissait dans l’ombre des attentes insatisfaites de l’autre. Et ainsi, naissent les rancunes silencieuses, les accusations voilées : « Tu n’as jamais fait pour moi ce que j’ai fait pour toi. » Une phrase qui claque comme une gifle, qui laisse des marques invisibles bien plus profondes qu’on ne le croit.
Et pourtant, qui décide ce qui a de la valeur dans ce que l’on donne ? Qui définit si un sourire, une parole douce, un instant d’écoute vaut moins qu’un geste spectaculaire ou qu’une aide monétaire ? Donner, ce n’est pas seulement remplir des enveloppes ou offrir des objets. Donner, c’est parfois être là, dans l’ombre, sans rien attendre en retour. Mais dans un monde où la matérialité prime, ces dons invisibles passent souvent inaperçus.
Je pense à ces regards que l’on croise, lourds de reproches, comme si le simple fait d’exister devait être un acte de gratitude permanente envers les autres. Je pense à ces visages fermés, à ces soupirs qui vous accusent silencieusement, à ces phrases lâchées entre deux conversations : « On m’a dit que tu ne fais jamais rien. » Des mots qui blessent, des mots qui pèsent, et qui, pourtant, ne racontent qu’une partie de l’histoire. Une version biaisée, déformée, car chaque geste, chaque effort est vu à travers le prisme des attentes de l’autre.
Alors, quand ce merdier vous arrive, quel choix faites-vous ? Vous taisez-vous, par peur d’envenimer les choses, ou répondez-vous pour tenter de rétablir une vérité qui, au fond, n’intéresse personne ? Vous engagez-vous dans une course sans fin pour prouver votre valeur, ou acceptez-vous que, parfois, vous ne serez jamais « assez » aux yeux de certains ?
La vie, telle que nous la vivons, n’est pas un terrain équitable. Nous choisissons parfois, consciemment ou non, de marcher dans des chemins qui ne nous étaient pas destinés. Nous cherchons à plaire, à être aimés, à correspondre à une image que les autres attendent de nous. Et dans cette quête, nous nous perdons, oubliant que nous avons aussi le droit de choisir pour nous-mêmes, de refuser ce qui nous étouffe, de dire « non » à des attentes qui ne sont pas les nôtres.
Mais ce récit, que je partage ici, n’est pas nécessairement le mien dans l’instant présent. Ce n’est pas ma douleur à cet instant T, mais c’est une douleur que je reconnais, que je vis au quotidien tout comme vous. Parce que nous avons tous croisé ces regards, entendu ces reproches, ressenti ces poids que l’on nous impose parfois injustement.
Et enfin, souvenons-nous que donner ne se limite pas à ce qui est tangible. Ce n’est pas toujours une somme d’argent, un objet précieux ou une action visible. Donner, c’est aussi offrir son temps, sa présence, son soutien moral. C’est tendre une main invisible, celle que personne ne remarque mais qui maintient pourtant l’équilibre fragile des relations humaines.
À vous qui lisez ces lignes, sachez que dans cet univers de reproches et d’attentes insatiables, votre existence, vos gestes, même imperceptibles, ont une valeur immense. Et cela, personne ne pourra jamais vous l’enlever.
Coach Oumar Sy
Laissez un Commentaire