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Mon Quotidien / Épisode 10 : Les marques mauritaniennes doivent réapprendre à s’adresser à leur public.

En traversant les rues de Nouakchott, on pourrait croire que tout s’y mélange : des enseignes criardes qui rivalisent de promesses illisibles, des slogans qui semblent venir de nulle part et s’adresser à personne, des produits qui, comme des fantômes, errent sans destination claire. Ici, le marketing n’est pas un dialogue : c’est un monologue adressé à une audience absente. Pourtant, dans ce chaos apparent, se dessine un paradoxe fascinant, un non-dit qui raconte l’histoire d’un outil mal compris et encore moins maîtrisé.

L’erreur fondamentale du marketing mauritanien est de croire qu’il suffit de montrer pour convaincre. Mais montrer n’est pas expliquer, et expliquer n’est pas comprendre. La question n’est pas de savoir si le produit existe, mais si sa place dans l’esprit du consommateur est claire. Et là réside tout le problème : ici, l’espace mental du client est encombré d’offres qui se battent pour un instant d’attention sans jamais vraiment se poser la question de leur légitimité.


Les entreprises mauritaniennes semblent penser que leur survie dépend d’une visibilité brute, immédiate. Elles crient fort, mais leur voix est un écho qui se perd. Comme si la simple exposition suffisait à créer du désir. Mais le désir, cet ingrédient subtil et insaisissable, ne se commande pas ; il se cultive. C’est là que le bât blesse : on veut vendre avant d’avoir écouté, convaincre avant d’avoir compris.

Le marketing, dans sa définition la plus élémentaire, est un pont entre une offre et une demande.Ce pont n’est souvent qu’un radeau bancal, construit à la hâte, incapable de supporter le poids des attentes réelles. Ce n’est pas un outil de communication : c’est une tentative désespérée de survie économique, où l’on investit plus dans l’apparence que dans l’essence.

Je croise souvent des dirigeants qui me disent : « Notre produit est bon, pourquoi ne se vend-il pas ? » La réponse est douloureuse, mais nécessaire : ce n’est pas la qualité intrinsèque du produit qui prime, mais sa capacité à raconter une histoire. Et cette histoire, ici, reste muette. En Mauritanie, les marques ne parlent pas : elles affichent. Mais un affichage sans message, c’est comme une façade sans maison.

Le marketing souffre d’un déficit de profondeur. On copie les modèles venus d’ailleurs, sans questionner leur pertinence locale. On emprunte des mots, des concepts, des approches qui résonnent dans d’autres contextes, mais qui, ici, tombent dans le vide. Pourquoi ? Parce que le marketing n’est pas un outil universel. Il est une science de l’adaptation, une alchimie entre la culture locale et les ambitions globales.

Mais alors, où est la solution ? Elle ne se trouve pas dans les manuels importés ni dans les slogans creux. Elle réside dans une introspection sincère, un retour aux fondamentaux. Il ne s’agit pas d’ajouter, mais de simplifier, de dépouiller jusqu’à atteindre l’essence même du message. Il faut cesser de voir le marketing comme un artifice, et le considérer pour ce qu’il est réellement : une conversation.

Imaginez une entreprise qui, au lieu de crier, chuchote. Qui, au lieu d’imposer, écoute. Qui, au lieu de vendre, invite. Ce marketing-là, bien que subtil et exigeant, serait une révolution pour le marché mauritanien. Il ne s’agit pas de produire plus, mais de produire mieux. Pas d’être partout, mais d’être là où l’on fait sens.

Les marques mauritaniennes doivent réapprendre à s’adresser à leur public. Elles doivent comprendre que leur rôle ne se limite pas à fournir un produit, mais à offrir une expérience, une émotion, une connexion. Et pour cela, elles doivent plonger dans les profondeurs de la culture locale, comprendre les rêves, les peurs, les aspirations de ceux à qui elles s’adressent.

Le marketing, bien pensé, est un art de la rencontre. Mais ici, cette rencontre est trop souvent manquée, faute d’effort, faute de vision. Le consommateur mauritanien est un être complexe, riche de contradictions et de nuances. Il ne suffit pas de le séduire : il faut le respecter.

Le soir, en quittant les entreprises que j’accompagne, je ne peux m’empêcher de penser à ce potentiel inexploité, à cette richesse qui dort sous les sables d’une économie en devenir. Mais tant que le marketing mauritanien restera une imitation, tant qu’il refusera de regarder sa propre réalité en face, ce potentiel restera un mirage.

Ce que je propose n’est pas une solution clé en main, mais une réflexion, un appel à repenser nos pratiques. Il est temps d’arrêter de vendre. Il est temps de commencer à écouter, à comprendre, à créer. Le marketing mauritanien doit devenir un outil de sens, et non un simple moyen de survie.

Coach Oumar Sy

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