Dans un paysage où les défis de la communication en Mauritanie se multiplient, Moctar Mamoudou Sy incarne une figure singulière. Photographe de talent, créateur de contenu influent et professionnel polyvalent, Moctar est bien plus qu’un simple technicien de l’image. C’est un conteur moderne qui a su naviguer à travers les secteurs les plus exigeants du pays, apportant une vision unique et des solutions créatives adaptées aux réalités locales.
De Mauriprod à MMS Agency, en passant par des collaborations prestigieuses avec des institutions telles que la Banque mondiale, l’Union Européenne et l’OMS, Moctar a façonné un profil exceptionnel. Sa spécialisation en photographie et en production audiovisuelle lui permet de toucher à tout : reportages, portraits, vidéos documentaires, mais aussi banques d’images et support visuel pour des campagnes institutionnelles et commerciales.
Nous avons eu l’occasion d’échanger longuement sur sa vision du métier et sur les défis majeurs du secteur de la communication en Mauritanie. Dans un jeu de questions-réponses, il nous livre des réflexions d’une grande profondeur, teintées de réalisme et d’ambition.
Q : Comment perçois-tu la communication en Mauritanie aujourd’hui ?
Moctar Sy : La communication en Mauritanie est encore jeune, mais elle évolue rapidement. Elle reste complexe et parfois difficile à comprendre, car les codes traditionnels et modernes coexistent dans une tension permanente. La principale difficulté réside dans la perception des besoins. Souvent, les entreprises et institutions cherchent de la visibilité immédiate sans stratégie solide. C’est là que réside le véritable défi : transformer une demande brute en solution réfléchie et pertinente.
Q : Tu as travaillé dans des secteurs variés : santé, finance, ONG, commerce… Quels sont les défis propres à chaque domaine ?
Moctar Sy : Chaque secteur a ses spécificités et ses contraintes. Dans le domaine de la santé, par exemple, la communication est souvent technique et nécessite une grande pédagogie. On parle de sensibilisation, d’éducation du public, avec des sujets parfois lourds comme la lutte contre la maladie ou les campagnes de vaccination. Là, l’image doit être porteuse d’un message clair et empathique.
Dans le secteur financier, l’approche est plus institutionnelle. Les banques et les grandes entreprises cherchent à soigner leur image de marque, avec une exigence très élevée en matière de qualité et de détail. Les visuels doivent respirer la confiance, la stabilité et la modernité. J’ai eu la chance de collaborer avec des entités comme la Banque mondiale, où chaque contenu doit non seulement refléter un professionnalisme absolu, mais aussi s’adapter aux standards internationaux.
Quant au domaine humanitaire et ONG, c’est là où le cœur bat le plus fort. Les images racontent des histoires. Elles sont un témoignage de la réalité vécue sur le terrain : l’impact des projets, les visages des bénéficiaires, la transformation des communautés. C’est une communication plus humaine, plus viscérale. Le défi ici est de capturer la vérité sans la déformer, de rester authentique.
Q : En tant que photographe, comment relèves-tu ces défis sur le terrain ?
Moctar Sy : Il faut être polyvalent, adaptable et surtout à l’écoute. Chaque projet est une immersion dans un univers nouveau. Je me considère souvent comme un passeur : un passeur d’histoires et d’émotions. Un simple cliché peut résumer des heures de travail, des rencontres, des dialogues. Mais pour arriver à cet équilibre, il faut maîtriser la technique – lumière, composition, timing – tout en comprenant le contexte et les attentes.
Je pense aussi que l’équipement joue un rôle important. Travailler avec des outils de pointe, comme mon Sony Alpha Mark III ou mon drone Mavic 3 Pro, me permet d’aller plus loin dans la créativité. Cependant, la technologie ne fait pas tout : il faut un regard, une sensibilité, une capacité à anticiper l’instant décisif.
Q : Tu parles souvent des défis du marché mauritanien. Quels sont les freins majeurs selon toi ?
Moctar Sy : Le premier frein, c’est l’absence d’une culture de la communication structurée. Beaucoup voient encore la com’ comme une dépense et non comme un investissement. Les entreprises et institutions peinent à mesurer le retour sur investissement d’une stratégie bien pensée. Elles cherchent du contenu rapide, souvent au détriment de la qualité.
Le deuxième défi, c’est la rareté des compétences. On manque de formations techniques solides dans les métiers de la communication, qu’il s’agisse de la production visuelle, du montage ou de la création de contenu digital. Cela pousse parfois les clients à faire appel à des compétences étrangères. C’est un paradoxe, car le talent local est immense, mais il doit être mieux valorisé et structuré.
Q : Enfin, quel message souhaites-tu transmettre aux jeunes qui souhaitent se lancer dans ce métier ?
Moctar Sy : Je leur dirais que la polyvalence est la clé. Aujourd’hui, il ne suffit plus d’être photographe ou vidéaste ; il faut comprendre la stratégie de contenu, le social media management et les exigences du marché. Il faut apprendre constamment, se remettre en question et surtout, ne jamais sous-estimer la valeur de la patience.
Je leur conseillerais aussi de s’immerger dans le terrain. La Mauritanie est un pays riche en histoires, en paysages, en visages. Il y a tant à raconter, mais il faut savoir le faire avec sincérité et expertise. Ce métier est un pont entre l’art et la stratégie, entre l’humain et l’institutionnel. Il demande du talent, certes, mais surtout du travail et de l’intégrité.
Un parcours inspirant, une vision solide
En travaillant aux côtés de Moctar Sy, on ne peut qu’admirer sa capacité à embrasser les défis avec passion et précision. Il a su faire de son métier un outil de narration, une arme d’influence visuelle et un levier pour la communication en Mauritanie. Il nous rappelle que derrière chaque image se cache une réflexion, un message et une histoire. Le marché mauritanien, aussi complexe soit-il, a besoin de ces créateurs capables d’innover, d’écouter et de proposer des solutions adaptées.
Moctar est, sans aucun doute, l’un de ces artisans modernes qui façonnent, avec talent et humilité, la communication de demain.
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