C’était un après-midi presque ordinaire à Nouakchott. Les rues bourdonnaient de vie, et dans un café discret, le murmure des conversations se mêlait au tintement des tasses. C’est là que je l’ai rencontrée. Mariem – un prénom emprunté pour préserver son anonymat. Une jeune femme à l’élégance modeste, au sourire effacé, mais à l’éclat dans les yeux qui trahissait un mélange de douleur et de résilience. En quelques mots hésitants, elle a ouvert la porte sur une histoire à la fois bouleversante et universelle, celle d’un talent bridé, exploité et négligé. Une histoire, malheureusement, partagée par tant d’autres en Mauritanie.
Mariem, fraîchement diplômée, avait rejoint une agence de communication connue de la place il y a deux ans. Sa motivation était contagieuse, son ambition immense. Elle s’était vue offrir un stage, promesse d’une carrière florissante dans un secteur où la créativité est reine.
Dès ses premières semaines, elle avait surpassé toutes les attentes. Mariem n’était pas une simple stagiaire. Elle menait des campagnes numériques, participait à des stratégies de communication d’envergure, et ses idées novatrices illuminaient les réunions. Elle était devenue indispensable, une véritable force vive de l’agence. « Une perle rare », disaient ses supérieurs, applaudissant ses contributions tout en la maintenant dans l’ombre d’un titre qui ne reflétait ni son talent ni ses responsabilités.
Mais derrière les compliments se cachait une vérité brutale. Pas de contrat, pas de protection sociale, juste une enveloppe glissée chaque mois, accompagnée de promesses vides. « Mariem, sois patiente, on régularise ta situation très bientôt. » Deux ans plus tard, ces mots résonnent comme une ritournelle cynique.
« Pendant tout ce temps, je me suis accrochée à leurs paroles. Chaque projet que je menais me donnait l’impression que j’étais enfin sur le point d’être reconnue », me confie-t-elle, la voix tremblante. Pourtant, chaque nouveau mois n’apportait rien d’autre que le même statut flou, entre exploitation et invisibilité.
Un jour, lors d’une présentation majeure pour un client international, Mariem avait conçu l’intégralité de la stratégie : de l’analyse des besoins à la proposition créative. Alors qu’elle attendait avec nervosité de recevoir des retours, son directeur a pris la parole. Il a livré sa présentation en s’attribuant chaque idée, chaque ligne. Mariem, assise au fond de la salle, observait en silence.
« À la fin, tout le monde l’a applaudi. C’était comme si je n’existais pas », me raconte-t-elle avec un sourire amer. Ce jour-là, quelque chose s’est brisé. Elle a compris qu’elle n’était pas une collaboratrice, mais une main-d’œuvre invisible, exploitée pour son talent mais privée de toute reconnaissance.
L’histoire de Mariem n’est qu’une illustration de ce que vivent de nombreux jeunes en Mauritanie. Des entreprises profitent de l’enthousiasme des stagiaires, des jeunes diplômés ou des travailleurs précaires, les maintenant dans des situations floues où l’ambition est exploitée et le mérite ignoré. Ce n’est pas seulement une injustice individuelle, mais un symptôme d’un système où l’absence de régulation favorise l’exploitation.
À Mariem, j’ai conseillé de documenter méticuleusement ses contributions : chaque projet, chaque stratégie, chaque idée. Ce dossier est son arme, sa preuve face à l’agence ou pour d’autres opportunités. Je lui ai recommandé de demander un entretien clair et formel avec ses supérieurs, d’exiger des réponses sur son avenir.
Mais surtout, je lui ai dit que son talent ne devait pas se perdre dans une entreprise qui ne le valorise pas. Si aucune solution ne lui est proposée, elle devra envisager d’autres horizons. Son potentiel est trop précieux pour rester enfermé dans cette cage dorée.
À tous les “Mariem” qui liront ces lignes
Vous n’êtes pas seuls. Votre travail, vos idées, votre temps valent bien plus que des promesses creuses. Vous méritez d’être reconnus, valorisés et respectés. Il est temps de refuser l’invisibilité, de revendiquer ce qui vous revient.
Si vous vous reconnaissez dans cette histoire, si vous traversez une situation similaire, sachez que je suis là pour vous écouter, vous conseiller et vous accompagner. N’hésitez pas à me contacter.
Coach Oumar Sy
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